2024
Antonietta Grassi
L’artiste Antonietta Grassi célèbre les femmes au carrefour du textile et du codage informatique

2024
L’artiste Antonietta Grassi célèbre les femmes au carrefour du textile et du codage informatique
Depuis l’âge de trois ans, Antonietta Grassi a « toujours dessiné », raconte l’artiste montréalaise, dont les oeuvres portent une multiplicité d’histoires, de textiles et de présence féminine pionnière dans le monde de la technologie.
Seule Canadienne parmi les titulaires de la Bourse de recherche Guggenheim 2024 en beaux-arts, Mme Grassi a grandi en visitant les nombreux magasins de tissus de Montréal et en aidant sa mère italienne à confectionner des vêtements. Mue par sa passion pour l’art et le design, elle mène des études supérieures en textiles et design de vêtements, sans savoir qu’il est possible de devenir une artiste à temps plein.
« Je n’avais pas conscience qu’on pouvait être artiste, relate-t-elle. Je n’avais même pas songé à fréquenter une école d’art. » Toujours est-il que tout en étudiant les arts appliqués, elle continue de dessiner et de peindre. Alors qu’elle décroche un premier emploi dans le textile à Montréal, elle s’inscrit à des cours du soir en peinture et en dessin à l’Université Concordia.
« On peut dire que j’ai fait mon baccalauréat en beaux-arts majoritairement à temps partiel jusqu’en dernière année, où j’ai décidé que ce serait mon gagne-pain. »
Cette décision la mena vers l’enseignement supérieur : elle est actuellement professeure en arts visuels au Collège Dawson, où elle entretient sa passion pour les textiles.
« Je me rendais dans de petites villes du Nord du Québec et de l’Ontario pour voir les usines de fabrication et les métiers à tisser », se remémore-t-elle quant à ses débuts dans le textile. Les métiers teintent d’ailleurs son art.
« Les métiers à tisser ont inspiré les premiers ordinateurs, observe-t-elle. C’est cet objet qui a inspiré au XIXe siècle Charles Babbage, qui a travaillé sur la machine analytique, qu’on considère comme le premier ordinateur : on programmait les métiers avec des cartes perforées. »
Aujourd’hui, Mme Grassi explore les liens entre les textiles et le codage informatique. « Dans cette histoire, on oublie l’apport des femmes comme Ada Lovelace, l’une des premières programmeuses. Vu la place des textiles, les premières personnes à coder étaient des femmes. Plusieurs histoires sur les femmes sont tombées dans l’oubli, et pourtant elles ont joué un grand rôle dans l’histoire du textile, du codage et de l’art. »
Pour l’artiste, cette bourse de recherche est une « énorme validation » de son travail.
« J’ai beaucoup de respect pour les artistes qui l’ont reçue, déclare-t-elle. Je suis heureuse de faire partie de ce groupe. »