2023
Dolph Schluter
Un biologiste évolutionniste reconnu comme chef de file mondial de l’étude de la diversification rapide des espèces

2023
Un biologiste évolutionniste reconnu comme chef de file mondial de l’étude de la diversification rapide des espèces
« Nous considérons M. Schluter comme le chef de file des études écologiques sur l’origine des espèces ces quarante dernières années. » Voilà comment le professeur Ove Eriksson de l’Université de Stockholm, président du comité du prix Crafoord en biosciences, décrit l’incidence du travail du biologiste évolutionniste Dolph Schluter. Le professeur à la University of British Columbia s’est vu décerner le prix Crafoord par l’Académie royale suédoise des sciences et la fondation Crafoord en raison de ses travaux sur le rôle de la sélection naturelle dans la radiation adaptative et l’origine des espèces.
Ce prix, qui s’accompagne d’une enveloppe de 780 000 $ pour financer les travaux du lauréat, est remis dans des disciplines que l’Académie ne prend pas en considération pour les prix Nobel.
La radiation adaptative s’intéresse à la formation de nouvelles espèces, et à leur différenciation.
« Elle étudie le rôle et les mécanismes de la sélection naturelle, l’origine des espèces et leur divergence subséquente, explique M. Schluter. Notre compréhension des espèces a beaucoup changé depuis Darwin. Quand on voit différentes espèces dans la nature, la raison pour laquelle elles ne se fondent pas en un seul fouillis hybride, c’est qu’elles possèdent cette caractéristique qu’on appelle isolement reproductif. Elles ont acquis par l’évolution une caractéristique qui les empêche de se reproduire entre elles. »
M. Schluter s’est d’abord intéressé au problème de l’origine des espèces en observant, dans le cadre de sa thèse de doctorat, les pinsons des Galapagos. Il a ensuite entrepris d’étudier l’épinoche à trois épines en Colombie-Britannique, un poisson « qui est merveilleux, puisque certaines espèces sont parmi les plus jeunes de la Terre ». En moyenne, deux millions d’années doivent s’écouler pour qu’une lignée se divise en deux nouvelles espèces, explique-t-il. Chez les pinsons des Galapagos, il faut environ 100 000 ans.
« On retrouve l’épinoche exclusivement dans les lacs qui ont environ 10 000 ans. Ils y foisonnent, si bien qu’on peut en recueillir des spécimens pour les étudier en laboratoire. Ils ont des caractéristiques qui me rappellent les pinsons; ils sont jeunes et ils coexistent dans le même genre de milieux isolés. »
On ne retrouve pas plus de deux espèces d’épinoches par lac, et la paire d’espèces d’un lac donné semble avoir évolué de manière complètement indépendante des autres paires. Ces caractéristiques aident l’équipe de M. Schluter à répondre à des questions fondamentales sur le rôle des ressources, des interactions entre les espèces, de la plasticité phénotypique, de la sélection sexuelle et d’autres facteurs dans l’évolution de la diversité.
M. Schluter et sa collègue Sally Otto, qui a reçu en 2023 le prix Killam, consacreront les fonds accompagnant leurs prix à la création d’une bourse postdoctorale pour l’étude de la biodiversité à la University of British Columbia.