2023
Dr. Daniel Pauly & Dr. Rashid Sumaila
À la croisée de la biologie marine et de l’économie des pêches : un plan pour une gestion durable des océans
2023
À la croisée de la biologie marine et de l’économie des pêches : un plan pour une gestion durable des océans
Le biologiste de la vie marine Daniel Pauly et l’économiste des pêches Rashid Sumaila, chercheurs à la University of British Columbia, unissent leurs efforts pour améliorer la durabilité des pêches à travers le monde – un travail interdisciplinaire qui leur a valu le prix Tyler pour l’environnement en 2023. Le prix, décerné par l’Université de la Caroline du Sud, est souvent qualifié de « prix Nobel de l’environnement ».
Les deux collègues de toujours à l’Institut des océans et des pêches de la University of British Columbia (M. Sumaila enseigne aussi à l’École des politiques publiques et des affaires mondiales) étudient les subventions qui favorisent la croissance des activités de la pêche à travers le monde.
« C’est l’argent des contribuables que le gouvernement distribue au secteur des pêches, souligne M. Sumaila. Ensemble, nous avons monté une base de données mondiale des subventions qui englobe tous les pays maritimes. »
Leur outil est utilisé partout dans le monde. « C’est une source de données très complète, et les membres de l’Organisation mondiale du commerce s’en servent pour décider des subventions dommageables à éliminer », précise-t-il.
« Nos estimations de subventions ont remplacé celles de la Banque mondiale, de l’Organisation de coopération et de développement économiques et d’autres organismes, qui n’incluaient pas les pays du Sud. »
M. Pauly
Les chercheurs s’intéressent également à la situation en haute mer, soit la zone maritime située à plus de 200 milles marins des côtes. « Quels principes de biodiversité et d’équité gouvernent ces zones? s’interroge M. Sumaila. Ces eaux sont censées appartenir à tout le monde, mais seuls quelques pays en profitent. »
Le duo a proposé une solution ambitieuse : interdire la pêche en haute mer, qui deviendrait une réserve mondiale de poissons.
Les poissons pourraient ainsi y prospérer et venir enrichir la biodiversité des eaux pêchables, où les petits pays auraient l’occasion de les attraper.
« C’est bénéfique pour l’économie et pour l’écologie », conclut M. Sumaila.
Leur proposition est loin de faire l’unanimité, mais les chercheurs ont préparé leurs contre-arguments. Aux personnes qui soulignent l’impossibilité de faire respecter une telle interdiction, ils suggèrent une surveillance par satellite.
« Si on peut voir des mouettes depuis l’espace, on peut certainement voir des bateaux, avance M. Pauly. On peut même voir l’équipement utilisé. »
L’idée fait tranquillement son chemin et certains pays se sont engagés à protéger un pourcentage de la haute mer. « Il y a du progrès », se réjouit M. Sumaila.
Une partie des fonds du prix Tyler a servi à établir ce que les chercheurs appellent le « programme de chercheuses et chercheurs invités Afrique-UBC », qui vise à favoriser les interactions entre les universitaires de l’Afrique et de la University of British Columbia. Pour aider à concrétiser le projet, les décanats de la Faculté des arts et de la Faculté des sciences ont investi le même montant.