2024
Laura Marks
Une chercheuse spécialiste des nouveaux médias travaille à réduire l’empreinte carbone de la diffusion en continu

2024
Une chercheuse spécialiste des nouveaux médias travaille à réduire l’empreinte carbone de la diffusion en continu
Laura Marks s’est donné pour mission de réduire l’empreinte carbone de l’infrastructure Internet grâce à une stratégie toute simple : utiliser des fichiers de petite taille. Professeure Grant Strate à l’École des arts contemporains de la Simon Fraser University, Mme Marks a obtenu une Bourse de recherche Guggenheim en 2024. Le prix financera la rédaction d’un nouveau livre, Small Files for a Small World (Petit univers, petits fichiers), qui traitera de l’empreinte carbone de l’Internet et du parrainage d’ateliers sur les fichiers de petite taille dans 12 villes du monde, notamment Dhaka (Bangladesh), Le Caire (Égypte), Kigali (Rwanda), Téhéran (Iran), Guwahati (Inde) et Mexico (Mexique).
« L’infrastructure Internet consomme trop d’électricité et de ressources pour ce que la planète peut offrir. La situation n’est pas viable, explique Mme Marks. Il faudrait produire et consommer moins de fichiers volumineux, pour éviter de surcharger les serveurs et les réseaux. L’objectif est de ralentir l’expansion de l’infrastructure Internet. N’oublions pas non plus que l’intelligence artificielle est extrêmement énergivore, et son utilisation actuelle nous mène droit à la catastrophe climatique. »
Malheureusement, peu de personnes saisissent l’ampleur réelle du problème. « Il s’agit de l’empreinte carbone des technologies de l’information et des communications, soit les centres de données, les réseaux, l’Internet et les appareils », précise-t-elle; une empreinte deux fois plus importante que celle de l’industrie de l’aviation, pourtant très critiquée pour ses émissions.
Mme Marks est la figure de proue du mouvement sur les fichiers de petite taille. Elle est notamment l’instigatrice du Small File Media Festival (Festival des fichiers médias de petite taille, smallfile.ca), qui entame sa cinquième année. Le festival reçoit des films très peu volumineux venant du monde entier. « Les fichiers atteignent environ trois pour cent du débit binaire d’une vidéo standard, explique-t-elle, et leur qualité est incroyable. »
En tant que théoricienne du cinéma et des médias, Mme Marks étudie un domaine très vaste, de l’écologie des médias à la philosophie islamique en passant par le cinéma expérimental et arabe.