2024
Paul Hebert
Paul Hebert à la tête d’un projet visant à cataloguer toutes les formes de vie sur terre grâce au codage à barres de l’ADN

2024
Paul Hebert à la tête d’un projet visant à cataloguer toutes les formes de vie sur terre grâce au codage à barres de l’ADN
Le biologiste évolutionniste Paul Hebert et son équipe de la University of Guelph ont un objectif ambitieux : recourir à la technique novatrice du codage à barres de l’ADN pour répertorier tous les êtres vivants de la planète.
« Nous utilisons de minuscules échantillons d’ADN – environ un millionième du génome – pour différencier les organismes, explique M. Hebert. Cette approche est semblable aux codes à barres utilisés dans les supermarchés pour identifier les produits, ce qui rend le processus de catalogage moins contraignant et plus abordable. »
Devant le péril guettant les écosystèmes, le pionnier du codage à barres de l’ADN et son équipe cherchent à lister toutes les espèces avant le milieu du siècle et à instaurer un système de biosurveillance mondial. « Bientôt, nous pourrons surveiller en temps quasi réel les espèces qui peuplent nos océans, nos rivières et nos terres », précise-t-il.
Les travaux de M. Hebert dans le domaine des sciences de la Terre et de l’environnement, pour lesquels il a reçu une médaille Franklin en 2024, présentent un potentiel remarquable pour l’avenir de la biodiversité. « Personne ne veut vivre sur une planète déserte, affirme-t-il. Toutefois, même si nous voulons faire ce qui est juste pour tous les organismes vivants, ce n’est pas possible tant que certaines espèces demeurent inconnues et ne sont pas surveillées. »
M. Hebert s’est appuyé sur le travail de Kary Mullis, lauréat d’un prix Nobel et inventeur de l’amplification en chaîne par polymérase, un procédé qui permet de copier n’importe quel segment du génome. « Ce que nous avons apporté de neuf est la normalisation, c’est-à-dire qu’il suffit d’un simple fragment d’ADN pour différencier toutes les espèces animales sur la planète, explique M. Hebert. Et l’analyse séquentielle coûte désormais moins d’un cent. »
Au cours des 20 dernières années, les travaux du biologiste ont été financés par plusieurs importantes subventions, dont une de quelque 100 millions de dollars du Canada et d’autres de différents pays totalisant 60 millions de dollars.
« Nous avons aussi créé l’International Barcode of Life, un organisme qui pilote les plus grands projets jamais entrepris dans le domaine de la biodiversité. D’ici 2030, nous espérons convaincre le monde d’investir le milliard de dollars requis pour terminer de dresser l’inventaire du vivant et implanter un système de biosurveillance mondiale. »
M. Hebert et son équipe de 150 personnes effectuent leurs travaux dans deux bâtiments spécialement aménagés, financés par des subventions de recherche. « Nous menons la plus vaste opération de séquençage de l’ADN par codage à barres jamais vue, entretenons la plus grande base d’échantillons d’ADN au monde et posséderons bientôt la collection de spécimens la plus complète au Canada. Plus important encore, nos plateformes informatiques protègent toutes ces informations et les rendent accessibles au monde entier. »
« Avec les fonds nécessaires et un entourage motivé et compétent, on peut accomplir l’impossible », conclut-il.