

Paul Hoffman a essuyé des critiques lorsqu’il s’est lancé dans l’étude d’une hypothèse largement écartée par la communauté scientifique. La persévérance du professeur auxiliaire de l’École des sciences de la Terre et de la mer de la University of Victoria a toutefois mené à une série de découvertes qui ont redéfini notre connaissance de la glaciation planétaire et de l’activité tectonique à la préhistoire.
Pour ces recherches, M. Hoffman a remporté le prix de Kyoto 2024 en sciences fondamentales. Le géologue se dit « ravi » d’avoir remporté ce prestigieux prix « puisqu’il s’agit de la première fois qu’un prix de Kyoto est décerné à une ou un géologue […] ce qui prouve que la géologie a sa place parmi les sciences fondamentales. »
Comme il est souligné dans la citation du prix de Kyoto, il est apparu vers la fin des années 1980 que des glaciers avaient existé autour de l’équateur il y a environ 700 millions d’années. Une explication possible pour ce phénomène, l’hypothèse de la Terre boule de neige, proposait que la surface de la Terre ait même déjà été entièrement recouverte de glace. Cette idée n’eut toutefois guère d’écho au sein d’une communauté scientifique, convaincue qu’une telle glaciation planétaire aurait mené à l’extinction de la vie sur Terre.
Selon la théorie de la Terre boule de neige, « ce long gel sera suivi d’une période torride, le climat le plus chaud que la Terre ait jamais connu », explique M. Hoffman. « Ce qui m’attirait le plus, c’était l’aspect prédictif de la théorie. Ces prédictions ont été vérifiées, et l’on sait maintenant qu’elles se sont toutes avérées. »
C’est en étudiant des dépôts glaciaires similaires et du même âge en Namibie, en Afrique, que le géologue a pu prouver sa théorie.
Avec le temps, de plus en plus de ses détracteurs ont changé leur fusil d’épaule. « La communauté géologique, et c’est tout à son honneur, s’est ralliée à cette idée qui, je pense, est désormais largement acceptée », indique le lauréat. « Maintenant, il reste à comprendre quelles composantes de la biosphère ont survécu, et comment. Parce que vous savez, les êtres vivants descendent tous des survivants de la Terre boule de neige. »
Ces dernières années, M. Hoffman a orienté ses travaux sur l’écologie microbienne des Alpes polaires, « pour voir s’il y a suffisamment de diversité à cet endroit » pour expliquer toutes les radiations qui ont suivi la boule de neige. « L’ascendance que je postule devrait également se répercuter dans les génomes des organismes vivants », explique-t-il.