C’est le basketball qui a incité Robert Vallerand à étudier la psychologie de la motivation.
« Je jouais pour l’équipe provinciale du Québec, et j’ai reçu une bourse sportive à l’université, raconte-t-il. Le basketball, c’était ma passion. » Le sentiment l’intriguait, et il a voulu en savoir plus.
À l’époque, il y a déjà plusieurs décennies, la psychologie de la motivation n’avait pas vraiment fait l’objet d’études; les travaux de M. Vallerand ont grandement contribué à approfondir ce domaine.
Aujourd’hui professeur de psychologie sociale à l’Université du Québec à Montréal, Robert Vallerand a reçu le prix Tang, d’une valeur de 100 000 $, pour ses importantes contributions à la psychologie des processus motivationnels.
« Je suis d’abord allé voir du côté des philosophes, se remémore-t-il. En Grèce antique, la passion était perçue de manière négative puisqu’elle entraînait une perte de contrôle. Les romantiques des XVIIe et XVIIIe siècles, au contraire, considéraient que sans passion, la vie ne valait pas la peine d’être vécue. »
« J’ai réalisé qu’il existait deux types de passion : l’obsessionnelle et l’harmonieuse. C’est une force qui peut autant être positive que négative. » Ses travaux préliminaires ont appuyé cette hypothèse sur le plan empirique, ouvrant un nouveau domaine de recherche : la psychologie de la passion.
M. Vallerand s’est donc consacré à l’étude des gens qui ont un « fonctionnement optimal » sur le plan du travail, mais aussi du bonheur et du bien-être, cherchant à comprendre leur secret.
« Nous avons constaté que ces gens cultivent une passion harmonieuse pour beaucoup de choses différentes, incluant leur travail, leur champ d’études ou leurs loisirs », explique-t-il. C’est notamment le cas des athlètes olympiques : « Ces personnes sont passionnées par ce qu’elles font. Elles s’entraînent fort, mais ont souvent une longue carrière et s’intéressent également à autre chose. »
« Moi-même, je suis chercheur depuis plus de 40 ans, mais je suis aussi passionné de basketball et de guitare. Il faut savoir varier ses passions, et s’intéresser à différents domaines. »
Les personnes qui n’y arrivent pas et se lancent à corps perdu dans une passion unique tendent à avoir « une nature plus obsessive ». « Cette obsession favorise la performance, puisqu’elle incite à y passer beaucoup de temps; mais elle est aussi source d’anxiété et de ruminations. À la longue, elle nuit souvent au bien-être psychologique. » Ce n’est pas le cas des passions harmonieuses, qui améliorent la performance sans pour autant empiéter sur les autres sphères de la vie.
M. Vallerand est titulaire de la Chaire de recherche du Canada sur les processus motivationnels et le fonctionnement optimal.