2021
Ben Matthews
Un zoologiste étudie les capacités d’adaptation olfactives et gustatives du moustique
2021
Un zoologiste étudie les capacités d’adaptation olfactives et gustatives du moustique
Ben Matthews cherche à savoir comment les moustiques femelles choisissent où pondre leurs oeufs. Professeur adjoint au Département de zoologie de la University of British Columbia, M. Matthews sait que de telles découvertes pourraient avoir des conséquences importantes sur la santé humaine.
« Nous étudions comment les moustiques sentent et goûtent, dit-il. Nous voulons comprendre la façon dont les odeurs et les goûts dans leur environnement leur permettent de déterminer ce qui fera un bon repas. Selon le stade du cycle de vie du moustique, il peut s’agir du sang d’un humain ou du nectar d’une fleur. Ces jours-ci, nous nous intéressons particulièrement à la ponte des oeufs, c’est-à-dire comment les moustiques femelles choisissent où pondre. »
M. Matthews a reçu une bourse Sloan en 2021 en reconnaissance de ses travaux sur la capacité des moustiques et d’autres insectes à adopter des comportements d’adaptation, notamment la sélection de sites de ponte convenables.
« Le fait de comprendre comment les moustiques femelles décident de pondre pourrait sembler anodin, explique-t-il, mais il faut savoir que l’insecte est aquatique aux stades de développement de larve et de pupe. Cela signifie que peu importe où les oeufs sont pondus, c’est à cet endroit que la progéniture va vivre. Et comme les moustiques qui sont au stade précoce du développement ne peuvent pas se déplacer comme un animal terrestre, le choix du site de ponte est extrêmement important. La femelle doit choisir un plan d’eau qui n’est pas trop salé, qui contient de la nourriture et qui est exempt de prédateurs. C’est là que l’odorat et le goût entrent en jeu. »
Les travaux dans le laboratoire de M. Matthews portent sur le comportement des moustiques sur le plan génétique. Quels types de gènes et de protéines les moustiques femelles utilisent-elles pour percevoir les signaux chimiques dans l’environnement? Comment leur cerveau traite-t-il ces signaux?
« Si l’insecte reçoit des signaux sensoriels contradictoires, comment peut-il les évaluer afin de prendre la meilleure décision pour lui et sa progéniture? »
Les réponses sont importantes pour la santé humaine, car les moustiques constituent des vecteurs mortels d’arbovirus pathogènes qui causent la dengue, la fièvre jaune, la fièvre Zika et le chikungunya.
« Il faut comprendre un animal avant d’imaginer des façons de le contrôler »
La recherche pourrait mener à des pièges et à des répulsifs améliorés, par exemple. « Nous avons certainement hâte de trouver des applications, mais pour l’instant nous effectuons principalement de la recherche fondamentale. »
M. Matthews mentionne que la bourse Sloan est spéciale en raison de son financement sans contraintes, qui permet aux chercheurs de poursuivre des « expériences audacieuses ».
« Nous pouvons essayer une ou deux idées folles et voir où ça mène. C’est extrêmement libérateur. »